Jorgen Roed, Un artiste se reposant au bord de la route, 1832
Coll. Statens Museum For Kunst, Copenhague.
Et
Gustave Courbet, Bonjour Monsieur Courbet, 1855
Coll. Musée Fabre, Montpellier.
L’artiste peintre aime à se voir comme un homme sans attache et préoccupé seulement de son art. À presque vingt ans de différence, dans deux pays éloignés, deux peintres vont utiliser le même vocabulaire pour se représenter en voyageur, avide de savoirs et de nouvelles expériences.
Jorgen Roed est né le 13 janvier 1808 dans l’île de Zealand au Danemark. À l’Académie royale des arts, il suit les cours de Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783 - 1853), lui-même grand voyageur dans sa jeunesse, aujourd’hui considéré comme l’un des principaux peintres de l’âge d’or de la peinture danoise.
En 1831, Jorgen Roed part pour un premier voyage en Norvège et c’est probablement suite à ce périple qu’il peint son « Artiste se reposant au bord de la route », artiste qui est probablement lui-même.
Dans le lointain, la diligence sur la route parle de voyage et de désir de voir d’autres territoires pour se former. Quant à lui, désargenté, le peintre marche sur le sentier et se repose, la fleur à la main. Il esquisse du bout de son bâton, un dessin. Dans son dos, il porte son sac, son matériel de peinture et sa toile roulée.
Gustave Courbet est lui né à Ornans en Franche-Comté le 10 juin 1819. En 1855, pour marquer sa rencontre avec le collectionneur et mécène Alfred Bruyas, il peint La Rencontre.
Si le tableau est à trois personnages, le peintre porte toujours son matériel à dos et le bâton du voyageur éternel à la main. La même diligence disparaît au loin. On sait que le modèle du peintre fût un détail de l’image populaire du Juif-errant. Condamné à marcher jusqu’au Jugement dernier et d’apporter la bonne parole, le Juif-errant est devenu le symbole de l’Éternel voyageur.
La correspondance étonnante entre ces deux représentations montre-t-elle, à travers l'Europe, un même imaginaire ?
Probablement.
Martine Sadion
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